Les R�bus

Plusieurs pi�ces de G�rard Collin-Thi�baut font r�f�rence plus ou moins directement aux r�bus, soit par le titre lui-m�me, soit par les �l�ments constituant l��uvre, ou leur mode de d�couverte (notamment Op�ra/R�bus dans le Dispositif audio-visuel, pr�sent� � l�Op�ra de Paris en octobre 1985, les Tableaux de caract�res, dans le chapitre des M�urs de ce si�cle Divertissement de Soci�t�, �T�te Paysage� 1642/1924, Entre Jean Arp et Daniel Buren, pr�sent� quelques mois plus t�t, le 14 juin 1985 � S�lestat, etc.), cependant ce qui fait la caract�ristique des R�bus de G�rard Collin-Thi�baut, outre le fait de dire les choses les plus compliqu�es � l�aide d�images les plus simples, comme pour tout r�bus, c�est la pr�sence simultan�e et non dissimul�e de la r�ponse, afin que l�effet de reconnaissance prenne le dessus sur le plaisir de d�couverte.

Les r�bus, jeu d�esprit tr�s populaire aux XVIII�me et XIX�me si�cles, empruntent l�art d��crire des peuples ignorant l�alphabet, exprimant des mots, des phrases, par des figures d�objets ou des arrangements dont les noms offrent � l�oreille une ressemblance avec les mots ou les phrases que l�on veut exprimer (homonymie, homophonie). R�bus est tir� de la phrase : non verbis, sed rebus, (non dans les mots, mais dans les choses). Ce n�est pas la premi�re fois que G. Collin-Thi�baut utilise des traditions populaires (les Artistes en Petits Soldats et les Images de G. C-T. tir�s de l�imagerie populaire, les jeux-concours tir�s de magazines � grands tirages, etc.), ces jeux de mots li�s aux images, qui traduisent non sans ironie, les relations entre les id�es et les choses, le souci de rassembler, les cultures dites savantes, et celles dites moyennes et populaires, tout cela n�est pas sans nous rappeler un certain humanisme rh�nan, celui d�Erasme et de l��cole humaniste de S�lestat, � partir de 1460, avec Beatus Rhenanus (1485-1547) l�un de ses meilleurs fleurons, qui l�guera sa fameuse biblioth�que � cette ville qu�arpenta bien plus tard, dans les ann�es 50, G�rard Collin-Thi�baut.

On pourra rermarquer quelques indices avant-coureurs qui ont pu d�terminer cette nouvelle occupation artistique : d�couverte, dans une brocante, d�un r�bus �rotique dat� de 1893, sign� Claire de Beauregard, un Petit portrait en forme de r�bus de la vie et de l��uvre de G�rard Collin-Thi�baut r�alis� par Bernard Marcad� pour le catalogue de l�exposition Tre Ritratti (Sala uno, Rome, 1988). C�est en 1991 qu�apparut le premier v�ritable r�bus : � ... Depuis longtemps d�j�, pr�occup� par la diff�rence qui s�pare le style po�tique du parler courant, ce qui toujours m�avait emp�ch� d��crire, je cherchais � faire entendre des images, comme je fais voir des mots, de fa�on � ce qu�ils sortent litt�ralement de la bouche de ceux qui les regardent ; hant� aussi par une phrase de Raymond Roussel, mal comprise : �... la plupart - se dirigent par la bouche gr�ce � l��cart - qui laisse voir les yeux...�, durant des mois, jamais je ne m�endormis sans que cette phrase que je ne comprenais pas, vint m�obs�der, toujours plus pressante ; peut-�tre parce que je la voyais hors de son contexte et ne l�entendais pas appliqu�e � la lettre. Il me fallait r�pondre � ce harc�lement textuel, et les r�bus me paraissaient un moyen, mais sans pour autant en �tre totalement convaincu, quand un jour, j�entendis Roland Barthes � la radio, dans un enregistrement, dire ceci : � ...rien � faire, je dois passer par l�image, l�image une esp�ce de service militaire social... �. ce d�clencheur, me flanqua, si je puis dire, au pied de la cimaise.

Nota : En principe chaque r�bus est donn� avec sa r�ponse, sur le cartel qui l�accompagne, la r�ponse est double, d�abord phon�tique, puis la citation, car, comme il est dit plus haut, il ne s�agit en aucun cas de faire deviner mais de produire l�effet de connaissance.

1 - C�est � S�lestat, ville du centre de l�Alsace, o� le p�re de G�rard Collin-Thi�baut tenait le �Comptoir de Fournitures Industrielles� (CFI), que se d�v�loppa la fameuse �cole humaniste � partir de/vers 146O. Beatusd Rhenanus (1485-1547) un des meilleurs fleurons de cette �cole, �rudit, ami d�Erasme,qui s�journera � S�lestat. Beatus Rhenanus l�guera sa biblioth�que � la ville et � l��glise paroissiale, cette fameuse biblioth�que humaniste dont G�rard Collin-Thi�baut dit �qu�elle transmet naturellement son esprit aux passants, tant ses murs irradient d�humanisme, et la vue du petit march� du mardi matin, appuy� contres ses murs, �claire imm�diatement ce rapport entre les id�es et les choses�.

: �Tr�s jeune, accompagn� de ma m�re, il m�arrivait de longer les murs de la �Grande Biblioth�que� comme on me disait, je ressentais alors une impression �trange, la voix des passants, amplifi�e par l�effet de r�sonance / raisonnance d� sans doute � l��troitesse de la rue, arrivant vers nous, �tait instantan�ment aspir�e par le mur de la Biblioth�que, comme par les murs d�une chambre sourde, cr�ant par contrecoup un effet de vide qui appuyait mes tympans, cette sensation d�sagr�able �tait aussit�t suivie d�un bourdonnement de mots, qui transpiraient de ce grand mur, et venaient se bousculer � mes oreilles. Il s�ensuivait un r�chauffement instantan�, non seulement de ma t�te, mais du corps entier, je ne voyais plus la rue de la m�me fa�on, je me sentais l�ger mais grave, porteur d�un secret�.

2 - Les Grosses T�tes du Carnaval de Nice, L�Inconsolable, in Comment j�ai �crit certains de mes livres

Les R�bus ordinaires li�s � des textes divers, paroles humaines : Lautr�amont, Duchamp, Roussel (1991- )
Les R�bus d�apr�s les Statements de Weiner (1995- )
Les R�bus S.D.F. (1995- )
Les R�bus onomastiques li�s aux noms propres,

�Vingt-neuvi�me ordre :
Les R�bus am�nag�s (1998- )
Les choses et les mots (De r�bus ac vocabulis ), r�bus-objets (1998- )

Sommaire de l'�uvre