Des �uvres publiques
� Des baigneuses pas tr�s acad�miques, place de Bretagne, Rennes 1999-2000
� 1% D�coration, extension de la Biblioth�que Droit et Lettresde l�Universit� de Pau 1999
G�n�ralit�s
Trop souvent encore les �uvres d�art public, dites contemporaines, sont en retard sur les r�alit�s d�une soci�t�, art appliqu�, dans le mauvais sens du terme, elles s�imposent aux passants sans consid�ration ni du public, ni de l�espace pour lequel elles sont destin�es, car l�artiste, pr�textant son art d�miurge, s�applique � adapter une de ses cr�ations d�atelier. Depuis une quinzaine d�ann�es, soucieux d�une part de r�pondre � cet �tat de fait, passionn� aussi par cette soci�t� qui se renouvelle � vitesse Mach 2, et d�autre part sensible � la r�alit� du terrain, je me suis efforc� de rechercher de nouveaux champs d�investigation, de nouveaux moyens de faire de l�art public. Ainsi se sont d�velopp�es mes diverses interventions, celles plus connues sur supports publics, billetterie, tickets, magazines et quotidiens, etc., dans les villes de Lyon, Grenoble, Strasbourg, Gen�ve et Maebashi au Japon, les autres, moins connues, plus directement li�es � l�architecture, au paysage. Cependant toutes sont li�es � la m�me volont�, celle de m�adresser aux passants quels qu�ils soient, de les chercher l� o� ils se trouvent, lorsqu�ils s'y attendent le moins, de les accompagner dans leur quotidiennet�, essayant de les imprimer � doses hom�opathiques. Une des mani�res consiste � faire des �uvres qui n�ont apparemment rien d�artistique dans l�esprit des gens, permettant ce regard neuf, sans a priori, brouill� d�aucun st�r�otype, (puisque ce que je vois n�est pas de l�art, je ne me sens pas regard� par lui), une autre sera de brouiller le typiquement artistique (l�acad�misme), par un d�placement ostentatoire ; dans le premier cas le regard public est lib�r� de sa tutelle culturo-artistique, et dans le second, d�pays� par une association antinomique (pass� acad�mique contre r�alit�s techniques utilitaires et contingentes), l�esprit �tonn� et questionn� s�ouvrira plus largement de fa�on naturelle, retrouvera une nouvelle disponibilit�. Et sans bruit, un mode artistique en aura remplac� un autre, plus li� � son �poque, car aujourd�hui il ne s�agit pas tant de faire de l�art, que de le re-situer, lui trouver une place, sa nouvelle place. Ces �uvres de circonstance illustrent cette nouvelle posture transversale de l�artiste (transm�dia), qui se veut � l��coute d�une soci�t�, o� l��uvre tout en questionnant accompagne le public vari� d�une agglom�ration, d�un quartier, d�une rue, et s�adossant aux technologies en place, pour rapprocher des espaces s�par�s, des individus noy�s dans la foule.
� Des baigneuses pas tr�s acad�miques, place de Bretagne, Rennes 1999-2000
Quelques �l�ments :
Il y a donc une place s�appelant Place de Bretagne, orn�e de platanes et de quatre fontaines, destin�e aux automobiles, car l�on viendra y trouver une place pour sa voiture, que faire avec ces quatres fontaines pour accompagner ce projet, il m�a paru int�ressant d�intervenir par un d�paysement, - avec un d�calage aussi bien temporel qu�artistique -, tout en mettant en place un moyen simple de rep�rage pour retrouver sa voiture.
1 place : la place de Bretagne, avec ses arbres, ses automobiles, ses pi�tons
4 fontaines modernes, 4 baigneuses �blouies/oubli�es
Imaginons-nous un instant sur cette place en �t�, � l�ombre des platanes, nous venons de quitter notre voiture, et au d�tour d�un rang d�automobiles, nous voici nez � nez avec de plantureuses sculptures, tout droit sorties de l�histoire de l�art (ou du moins de l�id�e que la plupart d�entre nous s�en font), baigneuses venues se rafra�chir dans une des fontaines � hauteur de roue ; quel d�licieux spectacle, avec une �trange sensation d��tre hors du temps (ni pr�sent, ni totalement pass�). Mais ce n�est pas tout, � la tomb�e de la nuit, nous retrouvons nos sages baigneuses, �trangement modernis�es, le bain de jouvence de la journ�e les aura transform�es, le soir venu, en baigneuses contemporaines, aux corps �lectriques, l�ch�s en permanence par de l�eau fortement color�e (par effet de lumi�re). Retremper ces acad�mies d�laiss�es dans le contemporain, leur donner de nouveaux atouts, elles vont nous rafra�chir la m�moire, et nous refroidir, dissimul�es depuis des lustres dans les r�serves des mus�es, elles vont acqu�rir un nouveau statut. Les voil� donc d�finitivement sauv�es des mains de leur bourreau, leur ma�tre, qui par leur id�al acad�mique, les avaient condamn�es � l�avance. Ne craignons aucun risque d�atteinte aux bonnes m�urs, sinon d�outrage � l�acad�misme.
Cette pi�ce sera d�di�e � la famille bretonne d�Epinay, d�o� sont issus deux artistes acad�miques oubli�s, peut-�tre parce qu�ils le m�ritent : Mlle Marie d�Epinay, portraitiste des reines, qui eut une carri�re f�conde avec plus de cents portraits dont deux de souverains, et son p�re, Prosper d�Epinay, sculpteur des souveraines.
Ce projet de bain de jouvence peut surprendre, mais il ne fait que traduire la cr�ation, qui n�est qu�un incessant va-et-vient, suivi d�un brassage constant entre toutes les formes d�art (acad�misme, avant-garde, art actuel, art ancien) entre les cultures dites populaires et celles dites savantes. Le d�veloppement artistique du projet ne doit pas sous-estimer son aspect fonctionnel, car les quatre baigneuses reconnaissables par leur diff�rence, permettront un rep�rage facile � tout automobiliste � la recherche de son v�hicule, y compris la nuit, o� l�eau color�e des fontaines prendra le relais.
Technique :
Moulages dans des mat�riaux de synth�se, recouvert d�une peinture automobile, deux fois fois la m�me baigneuse; dans deux teintes diff�rentes, ces copies reposeront sur pieds de section �troite viss�s dans le sol., debout sur un socle �troit et plac�es dans le milieu des fontaines
r�f. des sculptures d�origine
1. Diane surprise au bain, Gabriel Christophe Allegrain (1710-1795) 175x 75 x 75 cm.
2. V�nus au bain, Gabriel Christophe Allegrain (1710-1795) 175x 75 x 75 cm.
� 1% D�coration, extension de la Biblioth�que Droit et Lettresde l�Universit� de Pau 1999
Mon intention sera de placer une �uvre muette, mais combien parlante, puisqu�il s�agit de mots, �uvre qui regardera passer, avant de se faire remarquer, attendant patiemment le regard de l�usager, pour produire, peut-�tre alors, un micron d�impr�visible, esp�ce de � pens�e sauvage � dans celle pr�visible et pr�occup�e de l�universitaire. C�est par dose hom�opathique, que l��uvre agira, mais il suffira d�un mot de trop (ou d�un sens), pour que tout bascule ; l�insignifiance du mot R�union, par exemple, peut, selon la personne, le moment, l�humeur, �voquer un tout autre sens, le mot VIS, dissimule peut-�tre un vice cach� ; et il en sera de m�me pour beaucoup d�autres. Ce livre ouvert est un canevas de 52 mots, noms ou expressions, accroch�s par ordre alphab�tique puisque nous sommes dans une biblioth�que, produisant autant de combinaisons possibles d�impr�visible, sur 52 plaques de Collections de Caract�res �c�est ainsi que je les nomme (se r�f�rer au descriptif ci-dessous), qui, volontairement, font appel autant � la pens�e commune qu�� celle li�e aux connaissances universitaires, les ramenant l�une � l�autre. Bien des mots sont �videmment li�s � la vocation du lieu.
Outre son aspect sp�cifiquement artistique, cette installation a �t� pens�e pour sa maintenance, offrant l�avantage de pouvoir �tre d�tach�e de son support, � des fins de nettoyage ou de r�fection, et replac�e de fa�on �l�mentaire gr�ce aux aimants et � son ordre alphab�tique.
Les Images de G. C-T.
sur supports publics
Les diff�rentes interventions sont cit�es ici � titre indicatf, pour plus de d�tails se r�f�rer au fasicule Les Images de G�rard Collin-Thi�baut
Images de G. C-T. au dos des tickets d�horodateurs (Lyon)
� Lyon Parc Auto, 1991
�L'Ascension du Christ� du P�rugin
De septembre � no-vembre, quatre-vingt-dix horodateurs du centre-ville d�livraient des tickets au verso desquels figurait une Image de G. C-T. Il fallait douze de ces Images pour reconstituer une �uvre marquante du Mus�e des Beaux-Arts de Lyon : l'Ascension du Christ du P�rugin, deux autres images offraient en gros plans les visages de deux des personnages du tableau, autoportraits pr�sum�s du peintre italien. Chaque horodateur ne proposant que quatre Images de G. C-T. diff�rentes, il fallait, si l'on voulait r�unir la s�rie, partir en qu�te d'autres appareils facilement reconnaissables par l'autocollant plac� sur leur face avant, pr�cisant ceci : Lyon Parc Auto a le plaisir de vous offrir une Image de l'artiste G�rard Collin-Thi�baut, �uvre originale gr�ce � la date et l'heure d'�mission de votre ticket de stationnement. Douze de ces images vous donneront �l'Ascension du Christ� du P�rugin et peut-�tre l'envie de voir cette �uvre au Mus�e des Beaux-Arts de Lyon. Chaque Image est en effet une �uvre unique de par le num�ro et les date et heure du ticket ; en outre, son prix de d�part, avant "l'ascension" sp�culative, est impos� par le co�t du stationnement. Parall�lement, dans le quotidien Lyon Figaro du mercredi 11 septembre 1991, parurent quatre pages con�ues par l'artiste, dont une reproduction pleine page du tableau en quadrichromie, mais invers�e, et en face, un collecteur permettant de coller les Images r�unies, donnant la reproduction dans le bon sens. Par ailleurs, l'�dition du samedi pr�parait l��v�nement par une annonce �nigmatique, pleine page, en quatri�me de couverture, tout le concept marketing �tait, lui aussi, de G. C-T. 800 000 tickets, impression offset recto-verso sur papier thermique (� prot�ger de la lumi�re).
A propos du choix du tableau reproduit : le fait que l'Ascension du Christ f�t une commande des b�n�dictins au P�rugin pour la basilique San Pietro de P�rouse, permettait � l�artiste de sous-entendre les g�n�ralit�s sur les Images de G. C-T.; quant au sujet m�me du tableau, il parachevait la d�monstration : l'Ascension, mouvement de bas en haut, fait opposition, donc r�fl�chir, � un d�placement horizontal, qu'est la circulation automobile, course infernale � l'am�lioration du quotidien, o� un arr�t (stationnement) fr�quent aboutit � une �vasion dans l'immat�riel, et pr�dispose � l'�l�vation.
� Lyon Parc Auto, 2000
DES MOTS POUR LIRE la 5�me Biennale d�art contemporain de Lyon
Au verso de tous les tickets d�horodateurs du centre ville de Lyon, des mots dans des polices pour le moins inattendues voir pittoresques, car elles r�pondent au th�me de la Biennale de Lyon �Partage d�exotismes�. On pourrait parler de mots-clefs pour lire la Biennale, mots-clefs � double entr�e, l�une par le sens, l�autre par la forme (caract�re), L�incongruit� des polices contredisant souvent le sens des mots, va sans aucun doute, attiser la curiosit� de leur heureux possesseur, et les feront certainement aller � la Biennale. Ces mots permettant des lectures � plusieurs niveaux, se renforceront lorsqu�ils rencontreront leurs fr�res jumeaux sur les lieux m�me de la Biennale, au travers de la signal�tique, sur les blasons que sont les cartels sp�cifiques � chaque partages. En tout 32 tickets, trente-deux nouvelles Images de G. C-T., pour chaque ticket deux mots, dans des polices diff�rentes
Images au dos des coupons de transport (Grenoble, Strasbourg, Maebashi, Japon)
� Tickets de tramway et de bus de Grenoble, 1994
Durant tout le mois de janvier 1994, les tickets de tramway de la ville de Grenoble, � l�occasion de l�ouverture du nouveau mus�e des Beaux-Arts, offraient sur leur verso une Image de G. C-T. reproduisant une sculpture visible au mus�e, cinq Images diff�rentes. Un petit collecteur fut r�alis� � cette occasion, et distribu� gracieusement par la soci�t� de transport, format in-12 : 15 x 21 cm, impression une couleur : bleu de cyan sur papier 250 g ivoire.
tickets tramway Grenoble 1994
127 - Masque africain Dan-Gu�r� (C�te-d�Ivoire).
128 - La jeune fille aux �coutes, 1877, Auguste Rodin.
129 - Mon fils, 1923, Chana Orloff.
130 - Femme au miroir, 1929, Henri Laurens.
131 - Arlequin, 1920, Jacques Lipchitz.
� Tickets de tramway et de bus de Strasbourg, 1994
Strasbourg : pour Strasbourg, projet de grande envergure, dans le cadre d�une commande publique (pour plus de d�tails se r�f�rer au paragraphe commandes publiques de ce m�me chapitre), suite � la mise en place d�un nouveau tramway, il s�agissait pour l�artiste, par l�interm�diaire de ce billet, infime partie d�une vaste organisation de transport public, d�en faire l�infime partie d�un vaste livre qu�est la vie strasbourgeoise. Ces Images traduisent l��me alsacienne qui, comme la ville, est un va-et-vient constant entre pass� et futur, agissant comme une m�moire, une formation permanente discr�te, invisible, s�adressant tant aux
Strasbourgeois, qu�aux Alsaciens et gens de passage : pour ce projet si sp�cifique, un compagnon de route indispensable, en filigrane, Jean-Fr�d�ric Oberlin (1740-1826) avec ses fabrications de collections et d�inventaires. La distribution de ces Images pr�vue pour deux ans, de novembre 1994 � novembre 1996, se prolongea encore quelques semaines jusqu�� �puisement des tickets dans les distributeurs.
� Tickets de train, Maebashi, Japon, 1998
Sur la ligne de train Jyomo Dentetsu (ancienne ligne de la fabrication de la soie) entre Chuo-Maebashi et Nishi-Kiryu, le billet de train propre � chaque station permet d�acqu�rir un ensemble de cinq billets, cinq Images de G. C-T. qui rassembl�es reproduisent deux gravures sur bois de Morikuni UEGAKI, relatant la fabrication de la soie dans la r�gion de Maebashi/Gumma. Impression verso trois couleurs or, vert fonc� et nacre, les teintes r�pondent � cette tradition par les . L�ensemble est �galement disponible sous forme de pochette, impression trois couleurs sur la face avant.
� Cartes de stationnement Piaf, Lyon, 1993-99
Cartes-images de G. C-T.
Un nouveau syst�me de paiement s�est mis en place, en France comme � l��tranger, pour le stationnement automobile urbain, appel� syst�me Piaf, esp�ce de mini-parcm�tre personnel, � accrocher au r�troviseur int�rieur de sa voiture, aliment� par une carte � puce sp�cifique � chaque ville, permettant une dur�e de stationnement illimit�e, sans retour au v�hicule, l�appareil se chargeant de d�falquer les unit�s de la carte, tout en tenant compte des plages horaires gratuites (Grenoble, Valenciennes, Reims, Amsterdam, G�teborg... ont adopt� le Piaf). Cet outil s�adresse surtout aux grands consommateurs de stationnement.
Ces cartes Piaf ont �t� command�es par Lyon Parc Auto pour la ville de Lyon. Le premier th�me : l�am�nagement dee nouveaux parkings souterrains command�s � des architectes et artistes contemporains, comportent trois s�ries pour la p�riode 1993-1998. En juin 1998 appara�t nouveau th�me avecun nouvelle s�rie de 4 cartes : les Sculptures claires du Mus�e des Beaux-Arts de Lyon..
� Cartes ville des Transports publics de Gen�ve
(bus et tramways, 1997-98
Cartes-Images de G. C-T.
Ces interventions sur les cartes ville des transports publics genevois (coupons de transport offrant un nombre illimit� de d�placements pour une journ�e) font suite � une commande par les Fonds de d�coration et d�art visuel de l��tat de Gen�ve, Fonds d'art contemporain de la Ville de Gen�ve. Tout au long d�une ann�e (juin 1987 - juin 1988), � raison de six nouvelles cartes ville par mois, celles-ci reproduisent des �uvres acquises par ces m�mes Fonds et plac�es dans les espaces publics genevois, ainsi que d�autres �uvres n�appartenant pas aux Fonds et quelques curiosit�s.
� Des mots pour lire 2000
Intervention pour 5e Biennale de Lyon, 2000 �Partage d�exotismes�
Interventions typographiques sur le cartel g�n�ral, de chaque enclos, vingt-deux cat�gories, vingt-deux cartels, vingt-deux interventions.
� Les bo�tes aux lettres dor�es � la feuille 1989
A l�occasion de la manifestation Facteurs d�art organis�e par le Mus�e de la Poste, il �tait propos� � dix artistes d�intervenir sur dix bo�tes aux lettres dans Paris, ainsi que dans le catalogue. G�rard Collin-Thi�baut se borna � faire dorer � la feuille 20 bo�tes aux lettres � des endroits choisis : 1) place des deux �cus dans le 1er arrondissement, 2) place du Ch�telet (1er), 3) place Colette, Com�die Fran�aise, M� Palais Royal (1er), 4) Pont-Neuf, rue Dauphine (1er), 5) place Vend�me (1er), 6) Bourse du Commerce, rue de Viarmes (1er), 7) Bourse de Paris, place de la Bourse (2e), 8) Square Louvois, Biblioth�que Nationale (2e), 9) place des quatre fils (3e), 10) grille du Parc Royal, rue du Parc Royal (Mus�e Picasso 3e), 11) place du Panth�on (5e), 12) place de la Sorbonne, universit� Paris I, Paris IV(5e), 13) place Saint-Germain-des-Pr�s, grille de l��glise St-Germain (6e), 14) 141 bd St-Germain, M� Mabillon (6e), 15) place St-Sulpice (6e), 16) esplanade des Invalides, M� Invalides (7e), 17) 53, avenue de S�gur (7e), 18) place Vauban, face au tombeau de l�Empereur (7e), 19) place de l�Op�ra, M� Op�ra (9e), 20) gare de Lyon, int�rieur (12e).
Premi�re pr�sentation : exposition Coup d�envois, Facteurs d�art, Paris (19/2 au 19/3/89).
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